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Les poèmes de Blanche Maynadier

Un extrait de L'école des Champs livre autobiographique de Blanche Maynadier

27 Septembre 2018 , Rédigé par MARTIAL PIERRE

                      Premier Noël chez ma grand-mère

 

 

 

 

             C’est à Rahon que j’ai entendu parler de Noël pour la première fois. J’avais trois ans et demi. Ma grand-mère qui nous gardait, (notre mère étant très malade), nous avait dit, à ma sœur et à moi, de mettre nos sabots dans la cheminée afin que le petit Jésus y dépose des merveilles. Pour avoir de plus gros cadeaux, nous avions ajouté les vieilles bottes d’un oncle gendarme, que nous avions retrouvées et astiquées pour la circonstance. Le lendemain, nous nous sommes précipitées. Il y avait une orange dans chaque sabot. Les bottes semblaient vides mais nous découvrîmes au fond de chacune un petit paquet. Quelle surprise ! Ma sœur avait un Père Noël rouge et blanc mesurant à peine vingt centimètres et moi le même, mais vert et blanc.

           Ma grand-mère parut très surprise, mais elle nous dit pourtant immédiatement qu’ils étaient en guimauve et que l’on pouvait les manger. Pour moi, il n’était pas question d’y toucher ! Ma grande sœur eut vite fait d’avaler le sien et aurait bien voulu goûter au mien. Moi, je le regardais et je jouais avec lui, d’instinct, car je ne savais même pas, en ce temps là, qu’il existait des poupées je n'en avais jamais vu ni entendu parler…Sans cesse ma sœur me poussait à manger mon père Noël mais je résistais.

                 Pendant très longtemps, je me suis amusée avec lui. Et puis, un jour,  j’ai commencé à lui grignoter les pieds. Je le dégustais lentement, en cachette de ma sœur ; je n’avais jamais rien mangé d’aussi bon ! Çà  avait le goût du ciel ! Rien sur la terre ne pouvait être comparable…

                Je retrouvai ce goût, quelques années plus tard, quand notre épicier de village m’offrit un morceau de vieille guimauve qui traînait au fond d’un bocal dans son magasin. Je compris alors, avec un peu de tristesse, que  cette saveur au goût de ciel, jadis délicieuse n’était autre que celle de la guimauve moisie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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