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Les poèmes de Blanche Maynadier

Le petit renard

10 Juillet 2016 , Rédigé par MARTIAL PIERRE

Le petit renard

Un conte pour enfant de Blanche Maynadier, inédit, extrait de L'Ecole des Bêtes, un recueil à paraître "Collection Le Parc"

LE PETIT RENARD

Un renardeau, caché dans la luzerne et le sainfoin, attend sa maman depuis le grand matin. Il reste seul avec sa faim. Il n’ose pas bouger. Sa mère, partie avant le jour, lui a fait la promesse de revenir bientôt avec un bon repas. Elle avait repéré la veille une ferme isolée, tout près d’un petit bois.

Elle savait que vivaient là, presque en liberté, des poulets bien dodus, des canards, des oies, des pintades, de gros dindons. Puis tout à côté dans des cages assez rustiques et délabrées, il y avait aussi des lapins, qu’il devait être facile de saisir.

Elle espérait que sans trop de difficulté, elle pourrait ramener pour elle et son petit quelques bonnes choses à manger. Ils jeûnaient tous les deux depuis près d’une semaine.

En cette période de chasse, il n’y a plus ni rats, ni mulots ; tout le petit gibier a disparu, effrayé par les coups de feu.

Le museau dans le foin, le beau petit renard attend sagement sa maman, qui avant de partir lui a fait la leçon. Il ne doit en aucun cas, sortir de sa cachette, il doit attendre son retour. Mais le temps passe, le soleil, là-haut, lui dit qu’il est midi. Il a chaud, il a soif. Il grignote, pour passer le temps, quelques brins d’herbe, il joue avec les papillons et les moucherons qui tournent autour de lui.

Par moment il s’étire ou somnole, sa position n’est pas confortable. Il reste là le plus souvent tapi, et ses membres s’engourdissent…Il sommeille.

Soudain au loin un coup de feu le sort de l’indolence. Il ne respire plus et se fait encore plus petit. Encore des coups de feu ! Puis des aboiements de chiens furieux. Enfin le silence revient, mais pas sa mère.

Le temps lui semble long. Pourquoi sa maman ne revient-elle pas ? Que peut-elle faire ?…

La nuit s’annonce tout doucement et redouble sa peur. Sa mère aurait-elle suivi ce gros renard si méchant qui semblait vouloir lui faire la cour ?

Par hasard, serait-elle partie en l’oubliant ?…Il ne sait que penser.

Soudain, il se montre très attentif : il lui semble entendre un léger bruissement dans les hautes herbes, puis comme une plainte.

N’en pouvant plus, il se dresse sur ces pattes. Oui, c’est sa maman qui revient vers lui. Il fait presque nuit à présent, il la voit marcher péniblement et pense qu’elle rapporte une belle et lourde volaille, il imagine déjà le bon repas qu’il va pouvoir faire.

D’un bond il est vers sa mère, mais hélas ! Elle ne rapporte aucune nourriture. Elle se traîne péniblement : son corps est couvert de blessures. Ce sont les chiens des chasseurs qui l’ont cruellement mordue. Elle est très mal en point et souffre atrocement.

Le petit renard oublie sa faim : il ne pense plus qu’à sa mère en danger. Ils se dirigent tous deux en direction de leur terrier, enfin, ils sont chez eux.

La renarde épuisée se couche en rond incapable de faire un mouvement. Son enfant ne pense plus à rien d’autre qu’à elle, il s’approche et tout doucement lui lèche ses blessures, comme s’il voulait y déposer un baume pour soulager sa mère.

La lune se dévoile, au loin sonne minuit. Ils sont là tous les deux serrés l’un contre l’autre, ils ne pensent qu’au repos : ils oublient la peur et la faim.

Laissons-les dormir en paix, quittons-les sur la pointe des pieds et plaignons ces mangeurs de poules. Pour une fois, soyons humains et du fond du cœur souhaitons leur une bonne nuit.

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