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Les poèmes de Blanche Maynadier

ETE 42

21 Août 2020 , Rédigé par MARTIAL PIERRE

 Un autre chapitre du second livre de la trilogie biographique de Blanche Maynadier : "Sous le Ciel de Paris"

 

 

Triste époque

 

 

En cette période bien troublée pour moi, je ne me préoccupe pas du tout de l’actualité et je ne m’intéresse pas à la guerre. Nous n’avons pas la radio, nous n’achetons aucun journal, et ni ma grand mère ni Paulette ni moi ne parlons jamais politique…Paul non plus. On savait pourtant tous que des choses affreuses se passaient et ma grand mère avait perdu de nombreuses clientes juives, en fuite ou « disparues ».

 

Un matin de l’été 1942, en allant à mon travail, passant  près du Carreau du Temple, je longeais ce  grand bâtiment, d’habitude vide, derrière de hautes grilles. Ce jour là, des centaines d’hommes y étaient parqués, les uns contre les autres et je compris de suite qu’il s’agissait d’une rafle importante des Allemands…Je passai mon chemin gênée et angoissée…

 

 Le lendemain tout avait repris son aspect habituel, mais le vide n’était plus le même. Il faisait peur. Je ne repris plus cette rue.

 

Je sais aujourd’hui, que j’avais ce jour là, été malgré moi, le témoin d’un des rassemblements préalables à la « rafle du Vel’d’hiv. ».

 

 

 

 

 En deux jours les seize et dix-sept juillet 1942, la police française arrêta douze mille huit cent quatre vingt six juifs qu’elle envoya au  camp de Drancy, puis celui-ci étant saturé, au Vélodrome d’hiver, de là ils furent ensuite déportés et envoyés à Auschwitz par convois spéciaux.

 

Cinquante huit années plus tard, un ami, Michel Géeraert, au retour d’un voyage en Pologne m’envoya des photos de ce camp d’Auschwitz, en particulier des lignes de barbelés sous un beau soleil d’été, où dansaient des oiseaux. Il m’écrivait que depuis cette visite, malgré lui, il se demandait sans cesse comment les déportés avaient pu percevoir le soleil immuable au dessus d’eux…

 

 Il ne parvenait pas à exprimer l’émotion qu’il avait ressenti lors de cette visite  et me disait que moi, en tant que poète, je pourrais, peut-être, écrire, en vers, ce qu’il avait éprouvé. Mais moi, en recevant cette lettre bouleversante, je  ne me sentais pas capable de mettre en vers une telle émotion. Et puis soudain, en esprit, je me suis trouvée « Sous le soleil d’Auschwitz ». Ce poème m’a été donné, subitement, d’un seul jet ; il est aujourd’hui, dans quelques musées du souvenir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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